Comportement et usages
Largement répandu désormais sur toute la ceinture tropicale sèche, on le trouve aussi bien
aujourd'hui dans la Caraibe, l'Inde et l'Afrique de l'ouest. Les spécialistes ne s'accordent
pas sur son origine, on dira pour simplifier qu’il a été beaucoup déplacé et naturalisé
avec bonheur.
En effet, il prospère dans des zones semi-arides à sol légers ou ferrugineux mais se trouve
aussi à son aise sur des espaces soudaniens dans des sols profonds et perméables, son
adaptabilité est donc sa première qualité.
Le Tamarinier est de la famille des Caesalpinaceae.
L'arbre adulte peut aller jusqu'à 20 m de haut, sa cime est très compacte son feuillage est
d’un vert foncé remarquable, il est branchu depuis la base et développe un grand nombre
de rameaux ascendants construits en faisceaux. Il donne des fleurs jaunâtres qui
produisent des gousses épaisses, ligneuses, généralement courbées et aplaties.
La chair acide, contenue dans la gousse a des utilisations multiples – jus ou boulettes
sucrées – condiments culinaires. Ses vertus laxatives et cardiovasculaires sont
universellement reconnues.
Du semis au jeune plant
Pour germer la graine de Tamarinier nécessite un pré-traitement destiné à affaiblir
la
« carapace » que constitue un péricarpe extrêmement dur. A l’état naturel, il s'agit d'une
protection du germe contre les prédateurs et contre une germination qui, trop rapide,
aurait peu de chances d'aller à son terme.
Deux pré-traitements sont préconisés. Le premier consiste à tremper la graine dans l'acide
sulfurique pendant 10 mn suivi d’un passage à l'eau froide de la même durée. Le second
semble moins violent : il s'agit d'un trempage des graines dans l'eau bouillante qu'on laisse
refroidir une quinzaine d'heures.
La levée est assez longue. Il convient de protéger le semis contre le soleil pendant cette
phase de la vie de la plantule par une ombrière. L'éclairage pourra être progressivement
augmenté pour atteindre la pleine lumière 1 mois après le semis.
Le jeune plant présentera une hauteur de 30 cm environ après six mois d'élevage en pot
de pépinière. A ce stade il pourra être transplanté pour subir « les outrages » d’une
première transformation….
La beauté du Tamarinier
L'écorce est sans doute ce qui en fera aux yeux du bonsaï-ka son premier attrait : Elle est
grisâtre, très crevassée, et forme rapidement des sortes d'écailles qui pour une part
s'effriteront en laissant apparaître à leur place une belle couleur rouge.
Le feuillage est dense, d'un joli vert tendre qui fonce avec le temps. Les feuilles sont
alternes, portant 9 à 12 paires de folioles glabres et arrondies aux deux extrémités. Un des
attraits de ce feuillage est qu'il se referme sur lui même chaque soir pour s'ouvrir
naturellement au matin . En fait, la feuille étant symétrique ce sont les folioles fixées en ailes
de papillon sur la nervure centrale qui vont l'une sur l'autre en l'espace de quelques
instants. Ainsi, de nuit, l'arbre semble défolié et laisse apparaître son bois, jusque là
masqué par la forte densité foliaire.
sont courbes et longues. Leur mise en valeur est relativement aisée par une descente
progressive de la terre, sur certains sujets on peut faire apparaître près de 15 cm de
racines devenues « aériennes » et qui confèrent à l'arbre une formidable allure de
palétuvier.
La préférence des styles
Ainsi l'élevage délicat du jeune tamarinier laisse-t-il après 3 années passées en pot de
pépinière, place à toutes les souplesses.
Ses racines devenues donc aériennes le prédisposent sans autre difficulté que la patience
au neagari. Il vient alors une légèreté des formes et surtout l'opportunité de l'exposer en «
palétuvier » sur une île couverte de mousse et entourée de gravillons figurant la mer. En
«racines enserrant la roche » on obtient le même effet marin avec une relative aisance, due
probablement à la capacité naturelle du tamarinier à absorber de longues saisons sèches et
venteuses qui délitent souvent le sol et font apparaître une partie des racines.
Par ailleurs, troncs, tiges et rameaux sont relativement souples céest donc avec un travail
classique que l’on obtient des sujets longilignes, une cascade ou une semi-cascade.
L'approche est double : d'abord arquer le tronc en liant sa base et sa partie médiane.
Procéder en plusieurs temps pour le rapprochement car les fractures sont irréparables.
Simultanément les rameaux seront ramenés en voûte légère sur plusieurs plans successifs.
L'effet est obtenu par un ligaturage sans difficultés particulières sinon que les marques d'un
fil trop longtemps fixés font des vilaines boursouflures. Une coupe longue d'un vert léger
fait en ton sur ton une belle harmonie avec les jeunes folioles claires du Tamarinier.
Le style « pleureur » pour les mêmes raisons s'obtient sans trop de difficultés. En fait on
est largement aidé par les longues folioles qui assez naturellement se laissent aller vers le
bas. Enfin les forets jusqu’à 7 troncs offrent la majesté et presque la fraîcheur des «
forets galeries » du milieu naturel. On y retrouve cette voûte caractéristique qui enveloppe
les cours d'eau d’Afrique soudanienne. Davantage de sujets serait trop peu conforme à
la densité de ces milieux.
Les autres styles sont possibles, évidemment, mais moins caractéristiques du Tamarinier.
En fait, ils mettent moins en valeur ses spécificités en terme de racine, d'écorce et de
positionnement.
Et sa vie en Europe !
L'élevage du Tamarinier en climat tempéré requiert de toute évidence des précautions
élémentaires d'éclairement,de chaleur, d'humidité et de substrat.
L'appartement ou la serre chaude lui sont indispensables : 18° le jour, pas moins de 13° la
nuit. Une lumière franche est nécessaire mais, très photosensible le Tamarinier ne goûtera
pas un déplacement brutal vers un lieu trop éclairé. Toutefois un soleil d'été en extérieur lui
fera le plus grand bien.
Rempoter tous les 2 à 3 ans avec un mélange évidemment acidifié par de la terre de
bruyère et allégé par du sable de rivière conviendra tout à fait..
Par ailleurs, il faudra ligaturer au début du printemps et libérer les rameaux en fin d'été en
même temps que tailler le feuillage surnuméraire qui se sera développé en particulier à
l'aisselle du tronc.
Vous aurez senti sans doute, à travers ces lignes, ma passion pour cet arbre tropical,
généreux et beau . Plutôt accommodant dans son milieu naturel, il requiert attention et
délicatesse dans un espace artificiel. Dans tous les cas, il est attachant et, pour ma part, il
m’accompagne depuis près de 20 ans
© Bernard DECAUDIN Bobo Dioulasso (Burkina Faso) |
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