Tamarindus indica L. Le tamarinier
par Bernard Decaudin, Bonsai-Ka installé au Burkina Faso en qualité de Conseiller Technique auprès de l'Institut du Développement Rural de l'Université Polytechnique de Bobo Dioulasso au département des Eaux et Forets

Comportement et usages
Largement répandu désormais sur toute la ceinture tropicale sèche, on le trouve aussi bien aujourd'hui dans la Caraibe, l'Inde et l'Afrique de l'ouest. Les spécialistes ne s'accordent pas sur son origine, on dira pour simplifier qu’il a été beaucoup déplacé et naturalisé avec bonheur.
En effet, il prospère dans des zones semi-arides à sol légers ou ferrugineux mais se trouve aussi à son aise sur des espaces soudaniens dans des sols profonds et perméables, son adaptabilité est donc sa première qualité.
Le
Tamarinier est de la famille des Caesalpinaceae.
L'arbre adulte peut aller jusqu'à 20 m de haut, sa cime est très compacte son feuillage est d’un vert foncé remarquable, il est branchu depuis la base et développe un grand nombre de rameaux ascendants construits en faisceaux. Il donne des fleurs jaunâtres qui produisent des gousses épaisses, ligneuses, généralement courbées et aplaties.
La chair acide, contenue dans la gousse a des utilisations multiples – jus ou boulettes sucrées – condiments culinaires. Ses vertus laxatives et cardiovasculaires sont universellement reconnues.

Du semis au jeune plant
Pour germer la graine de Tamarinier nécessite un pré-traitement destiné à affaiblir la
« carapace » que constitue un péricarpe extrêmement dur. A l’état naturel, il s'agit d'une protection du germe contre les prédateurs et contre une germination qui, trop rapide, aurait peu de chances d'aller à son terme.
Deux pré-traitements sont préconisés. Le premier consiste à tremper la graine dans l'acide sulfurique pendant 10 mn suivi d’un passage à l'eau froide de la même durée. Le second semble moins violent : il s'agit d'un trempage des graines dans l'eau bouillante qu'on laisse refroidir une quinzaine d'heures.
La levée est assez longue. Il convient de protéger le semis contre le soleil pendant cette phase de la vie de la plantule par une ombrière. L'éclairage pourra être progressivement augmenté pour atteindre la pleine lumière 1 mois après le semis.
Le jeune plant présentera une hauteur de 30 cm environ après six mois d'élevage en pot de pépinière. A ce stade il pourra être transplanté pour subir « les outrages » d’une première transformation….

La beauté du Tamarinier
L'écorce est sans doute ce qui en fera aux yeux du bonsaï-ka son premier attrait : Elle est grisâtre, très crevassée, et forme rapidement des sortes d'écailles qui pour une part s'effriteront en laissant apparaître à leur place une belle couleur rouge.
Le feuillage est dense, d'un joli vert tendre qui fonce avec le temps. Les feuilles sont alternes, portant 9 à 12 paires de folioles glabres et arrondies aux deux extrémités. Un des attraits de ce feuillage est qu'il se referme sur lui même chaque soir pour s'ouvrir naturellement au matin . En fait, la feuille étant symétrique ce sont les folioles fixées en ailes de papillon sur la nervure centrale qui vont l'une sur l'autre en l'espace de quelques instants. Ainsi, de nuit, l'arbre semble défolié et laisse apparaître son bois, jusque là masqué par la forte densité foliaire.
sont courbes et longues. Leur mise en valeur est relativement aisée par une descente progressive de la terre, sur certains sujets on peut faire apparaître près de 15 cm de racines devenues « aériennes » et qui confèrent à l'arbre une formidable allure de palétuvier.

La préférence des styles
Ainsi l'élevage délicat du jeune tamarinier laisse-t-il après 3 années passées en pot de pépinière, place à toutes les souplesses.
Ses racines devenues donc aériennes le prédisposent sans autre difficulté que la patience au neagari. Il vient alors une légèreté des formes et surtout l'opportunité de l'exposer en « palétuvier » sur une île couverte de mousse et entourée de gravillons figurant la mer. En «racines enserrant la roche » on obtient le même effet marin avec une relative aisance, due probablement à la capacité naturelle du tamarinier à absorber de longues saisons sèches et venteuses qui délitent souvent le sol et font apparaître une partie des racines.
Par ailleurs, troncs, tiges et rameaux sont relativement souples céest donc avec un travail classique que l’on obtient des sujets longilignes, une cascade ou une semi-cascade. L'approche est double : d'abord arquer le tronc en liant sa base et sa partie médiane. Procéder en plusieurs temps pour le rapprochement car les fractures sont irréparables. Simultanément les rameaux seront ramenés en voûte légère sur plusieurs plans successifs. L'effet est obtenu par un ligaturage sans difficultés particulières sinon que les marques d'un fil trop longtemps fixés font des vilaines boursouflures. Une coupe longue d'un vert léger fait en ton sur ton une belle harmonie avec les jeunes folioles claires du Tamarinier.
Le style « pleureur » pour les mêmes raisons s'obtient sans trop de difficultés. En fait on est largement aidé par les longues folioles qui assez naturellement se laissent aller vers le bas. Enfin les forets jusqu’à 7 troncs offrent la majesté et presque la fraîcheur des « forets galeries » du milieu naturel. On y retrouve cette voûte caractéristique qui enveloppe les cours d'eau d’Afrique soudanienne. Davantage de sujets serait trop peu conforme à la densité de ces milieux.

Les autres styles sont possibles, évidemment, mais moins caractéristiques du Tamarinier. En fait, ils mettent moins en valeur ses spécificités en terme de racine, d'écorce et de positionnement.

Et sa vie en Europe !
L'élevage du Tamarinier en climat tempéré requiert de toute évidence des précautions élémentaires d'éclairement,de chaleur, d'humidité et de substrat.
L'appartement ou la serre chaude lui sont indispensables : 18° le jour, pas moins de 13° la nuit. Une lumière franche est nécessaire mais, très photosensible le Tamarinier ne goûtera pas un déplacement brutal vers un lieu trop éclairé. Toutefois un soleil d'été en extérieur lui fera le plus grand bien.
Rempoter tous les 2 à 3 ans avec un mélange évidemment acidifié par de la terre de bruyère et allégé par du sable de rivière conviendra tout à fait..
Par ailleurs, il faudra ligaturer au début du printemps et libérer les rameaux en fin d'été en même temps que tailler le feuillage surnuméraire qui se sera développé en particulier à l'aisselle du tronc.
Vous aurez senti sans doute, à travers ces lignes, ma passion pour cet arbre tropical, généreux et beau . Plutôt accommodant dans son milieu naturel, il requiert attention et délicatesse dans un espace artificiel. Dans tous les cas, il est attachant et, pour ma part, il m’accompagne depuis près de 20 ans

© Bernard DECAUDIN Bobo Dioulasso (Burkina Faso)

 

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