Le Baobab, de la graine au millénaire
par Bernard Decaudin, Bonsai-Ka installé au Burkina Faso en qualité de Conseiller Technique auprès de l'Institut du Développement Rural de l'Université Polytechnique de Bobo Dioulasso au département des Eaux et Forets

Attention il s'agit du Baobab ou Adansonia Digitata (Bombaceae) dont il est question et non pas du baobab chacal ou rose du désert l'Adenium Obesum (Apocynaceae) qui n'a rien à voir.

Présentation du Baobab
C'est l'arbre typique de l'Afrique tropicale sèche.
Il serait originaire de Madagascar. Son allure est caractéristique : tronc ventru (bois mou gorgé d'eau) et branches énormes dépourvues de feuilles pendant presque toute l'année. Pour les populations locales, c'est l'arbre de tous les usages (alimentaire, fourrager, textile, et domestique).
Le Baobab est même utilisé en pharmacopée traditionnelle, et participe à de multiples usages rituels. Il croît très vite (deux mètres sur les deux premières années) et vit longtemps. Certains sont millénaires.

En Bonsaï, son tronc épais, rapidement acquis le rend vite attractif, les plus beaux sujets se prélèvent en savane où il s'est développé dans la douleur des sécheresses et des prélèvements tant humains qu'animaux.
Son transfert en Europe, bien que possible techniquement (il est vendu comme tel au Sénégal.., aux touristes !!!) reste difficile car ses exigences en chaleur et lumière sont fortes et surtout constantes. Il résiste plutôt bien à la ligature mais la plus grande vigilance s'impose en raison de la flexibilité des rameaux.
Au final, il se dégage de cet arbre une majesté sans égale qui impose même en potle respect de tous.

Le semis
En fait, toute graine pour germer a besoin d'humidité , de chaleur et d'air. Cependant, ces facteurs, s'ils sont nécessaires ne sont pas toujours suffisants. En l'occurrence, 2 cas sont possibles: l'inhibition de la germination et la dormance véritable. Pour le baobab, il s'agit d'une inhibition due à l'extrême dureté des téguments de la graine, ce qui a pour effet de la rendre imperméable à l'air, la lumière et l'eau et rend le réveil de la graine impossible. Il est à observer que de nombreuses graines sahéliennes sont soumises à ce frein. Afin de lever cette pseudo
dormance, plusieurs méthodes peuvent être adoptées:

La scarification: elle consiste à une incision ou un râpage des graines qui permet de "mordre" mécaniquement les téguments les plus durs. Cette méthode assure une pénétration rapide de l'eau au sein même des tissus mais exige du temps. Elle conviendra donc à de toutes petites quantités de graines.

Le trempage dans l'acide: Celui - ci attaque chimiquement les téguments qui laissent alors pénétrer l'eau. Toutefois la durée de trempage des graines est déterminante car il n'est pas question d'abîmer l'embryon. Concernant le baobab, un trempage à l'acide sulfurique pendant trente minutes suivi immédiatement d'un rinçage à l'eau et d'un trempage (toujours dans l'eau) pendant 24 heures donne de très bons résultats.

L'estomac des herbivores: l'action des acides gastriques, particulièrement puissants chez les ruminants peut de manière tout à fait naturelle lever également la dormance tégumentaire. En outre on a pu observer un lien géographique entre les parcours des éléphants de la savane africaine et la présence des baobabs. On peut donc supposer qu'ils ne sont pas étrangers à leur diffusion.

Cependant vous n'avez certainement sous la main ni acide sulfurique ni pachyderme!
Je vous recommande donc en premier lieu une scarification régulière ou un trempage dans l'eau pendant 24 heures à 48 heures. Les téguments seront suffisamment laisés pour permettre la germination.
Celle- ci acquise, il reste à offrir à la plantule les conditions optimales à son développement. Un substrat bien drainé lui est indispensable. Dans la nature, il est observé que le baobab n'est pas exigent sur la nature du terrain et que même un support calcaire n'est pas rédhibitoire. La lumière, qui doit être modérée lors de la levée, s'avérera un facteur décisif quand à son développement ultérieur. Il faut avoir bien présent à l'esprit que son aire naturelle de développement est l'Afrique tropicale sèche, caractérisée par un fort ensoleillement (supérieur à 3000 heures par an) et une pluviométrie ramassée sur quelques mois. Enfin, bien qu'acceptant en période d'hivernage des nuits à 13°C, il s'épanouit véritablement à partir de 20°C.

En conditions "européennes", il conviendra donc d'attacher la plus grande importance à la lumière (proximité d'une fenêtre, véranda) et à la température qui en règle générale ne devra pas être inférieure à 20°C. Quand à l'arrosage, il devra être parcimonieux voire très espacé dans le temps (puisque son bois mou et spongieux se gorge d'eau en saison des pluies afin de disposer de considérables réserves en période sèche).
Ainsi conduit, vous pourrez espérer, après une croissance rapide sur les 2 premières années, un accroissement plus raisonnable de 3 cm par an au cours des 50 prochaines années.
Et si vous êtes patients, sachez que le baobab est une espèce très longévive qui peut devenir dit - on, plusieurs fois centenaire
!

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© Bernard DECAUDIN Bobo Dioulasso (Burkina Faso)